Rénovation énergétique : La Capeb lance un cri d’alarme pour sauver les artisans RGE
La Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb) a lancé un appel urgent à la simplification des dispositifs de rénovation énergétique, en particulier pour l'obtention du label RGE (Reconnu Garant de l'Environnement). Cette revendication, présentée lors du salon Batimat le 30 septembre 2024, vise à contrer la baisse alarmante du nombre d'artisans certifiés RGE et à revitaliser le secteur de la rénovation énergétique en France.
Dans un contexte où la rénovation énergétique des bâtiments est cruciale pour atteindre les objectifs climatiques nationaux, la Capeb souligne que la complexité actuelle des procédures décourage de nombreux professionnels compétents. Ce syndicat patronal, représentant l'artisanat du bâtiment, met en lumière les défis auxquels sont confrontés les artisans et propose des solutions concrètes pour simplifier le système en place.
La crise silencieuse du label RGE
Le label RGE, initialement conçu pour garantir la qualité des travaux de rénovation énergétique, se trouve aujourd'hui au cœur d'une crise qui menace l'ensemble du secteur. La Capeb a identifié plusieurs facteurs contribuant à cette situation préoccupante.
La diminution du nombre d'artisans détenant la certification RGE est un signal d'alarme pour l'industrie.
Cette tendance à la baisse s'explique par plusieurs raisons :
- La complexité croissante des procédures de certification
- Les changements fréquents de réglementation
- Le coût et le temps nécessaires pour maintenir la certification
David Morales, vice-président de la Capeb en charge des affaires économiques, exprime clairement la frustration des professionnels : "Les artisans en ont ras-le-bol de la complexité du dispositif et plus généralement des changements successifs de réglementation autour de la rénovation et de ces aides." Cette déclaration souligne l'urgence de la situation et la nécessité d'une réforme profonde du système RGE.
Les artisans, bien que compétents et désireux de participer à l'effort de rénovation énergétique, se trouvent confrontés à de nombreux obstacles :
- Des réglementations en constante évolution, difficiles à suivre pour les petites entreprises
- Des procédures administratives lourdes et chronophages
- Un manque d'outils adaptés aux réalités du terrain
- Une perception de déconnexion entre les exigences du label et les compétences réelles des artisans
Cette situation crée un paradoxe : alors que la demande pour des travaux de rénovation énergétique augmente, le nombre de professionnels certifiés pour les réaliser diminue, mettant en péril les objectifs nationaux de transition énergétique.
Les revendications de la Capeb pour simplifier le système
Face à ces défis, la Capeb ne se contente pas de critiquer le système actuel. Elle propose des solutions concrètes visant à simplifier les procédures et à encourager davantage d'artisans à obtenir et maintenir la certification RGE.
La principale innovation proposée par la Capeb est un système de validation RGE par acquis. Ce nouveau modèle permettrait aux artisans de démontrer leurs compétences directement sur le terrain, plutôt que par des processus administratifs complexes. Voici les points clés de cette proposition :
- Les artisans pourraient obtenir le label RGE après avoir réalisé plusieurs chantiers de rénovation énergétique
- Ces chantiers seraient vérifiés et validés par un expert indépendant
- Ce système valoriserait l'expérience pratique et les compétences réelles des artisans
- Il réduirait la charge administrative tout en maintenant un haut niveau de qualité
Cette approche pragmatique vise à reconnaître les compétences des artisans de manière plus directe et pertinente, en se basant sur leur travail effectif plutôt que sur des critères purement théoriques ou administratifs.
En plus du système de validation par acquis, la Capeb formule d'autres demandes pour simplifier l'ensemble du dispositif de rénovation énergétique :
- Simplification des dispositifs d'aide à la rénovation énergétique
- Développement d'outils adaptés aux besoins spécifiques des artisans
- Stabilisation des réglementations pour permettre une meilleure anticipation et adaptation des entreprises
- Amélioration de la formation continue pour faciliter la mise à jour des compétences
Ces propositions visent à créer un environnement plus favorable aux artisans, leur permettant de se concentrer sur leur cœur de métier plutôt que sur des tâches administratives chronophages.
Enjeux pour l'avenir de la rénovation énergétique en France
Les revendications de la Capeb s'inscrivent dans un contexte plus large, où la rénovation énergétique joue un rôle crucial dans la transition écologique du pays. Les enjeux sont multiples et concernent aussi bien les objectifs nationaux que le quotidien des ménages français.
La France s'est fixé des objectifs ambitieux en matière de rénovation énergétique des bâtiments, dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le changement climatique. La baisse du nombre d'artisans RGE pourrait avoir des conséquences significatives :
- Ralentissement du rythme des rénovations énergétiques
- Difficulté à atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre
- Retard dans l'amélioration de l'efficacité énergétique du parc immobilier français
Pour atteindre ces objectifs, il est crucial de disposer d'un réseau solide d'artisans qualifiés et certifiés, capables de réaliser des travaux de qualité à grande échelle.
Les ménages français sont également directement impactés par cette situation :
- Difficulté à trouver des artisans certifiés RGE pour réaliser leurs travaux
- Risque de retards dans les projets de rénovation
- Possible augmentation des coûts due à la raréfaction des professionnels certifiés
- Incertitude quant à l'accès aux aides financières liées à la certification RGE
La simplification du système RGE, telle que proposée par la Capeb, pourrait donc avoir des retombées positives directes pour les consommateurs, en facilitant l'accès à des professionnels qualifiés et en fluidifiant le processus de rénovation énergétique.
Un appel à l'action pour l'avenir de la rénovation énergétique
Les discussions entamées avec l'ancien ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, laissent espérer une continuité dans le dialogue avec le nouveau gouvernement. David Morales de la Capeb exprime son optimisme quant à la poursuite de ce travail avec la nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, qui semble déjà familiarisée avec le dossier.
L'enjeu est de taille : il s'agit non seulement de revitaliser un secteur clé de l'économie française, mais aussi de donner un nouvel élan à la transition énergétique du pays. La simplification du label RGE, si elle est mise en œuvre, pourrait marquer le début d'une nouvelle ère pour la rénovation énergétique en France, où compétence, efficacité et pragmatisme seraient les maîtres-mots.
Alors que le débat se poursuit, une chose est certaine : l'avenir de la rénovation énergétique en France dépendra de la capacité des pouvoirs publics à écouter et à répondre aux préoccupations des professionnels du terrain. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement, qui devra trouver un équilibre entre la nécessité de garantir la qualité des travaux et celle de faciliter l'accès des artisans compétents à la certification RGE. De cette décision dépendra en grande partie la réussite des objectifs ambitieux de la France en matière de transition énergétique.