Rénovation énergétique à Paris : le plan climat lance le « chantier du siècle »
La Maire de Paris Anne Hidalgo et ses adjoints chargé de la transition énergétique et au logement ont présenté il y a quelques jours le 4ème plan climat de la ville de Paris pour la période 2024-2030. Un programme ambitieux qualifié de « chantier du siècle ». Parmi les priorités : protéger les habitants des effets de l’accélération du changement climatique, massifier la rénovation du bâti, sortir des énergies fossiles et lutter contre la pollution en réduisant la place de la voiture. Ces objectifs passent notamment par une accélération dans le domaine de la rénovation énergétique en triplant, voire quintuplant le nombre de logements privés qui vont être rénovés.
500 actions à mener à court, moyen et long terme...
À Paris, le bâti est le premier émetteur de gaz à effet de serre représentant 72% des émissions du territoires. 60.000 logements sociaux ont d’ores et déjà été rénovés ou sur le point de l’être. L’objectif est d’atteindre 250.000 opérations de rénovation avec un objectif annuel de 5.000 par an. Mais c’est aussi vers le parc privé que la mairie souhaite concentrer ses efforts. Actuellement, 2.000 à 2.500 logements privés sont rénovés chaque année à Paris. Pour répondre aux objectifs des accords de Paris, il faudrait en rénover 40.000 d’ici 2030. L’objectif de la Maire de Paris est de passer à 10.000 chantiers par an d’ici 2026. Il faudra multiplier ce chiffre par 3 ou 4 d’ici 2030, un objectif très ambitieux qualifié de « chantier du siècle » par Anne Hidalgo. Pour y parvenir, la mairie compte sur sa plateforme d’aide à la rénovation énergétique Coachcopro.
Cinq grands axes définis pour atteindre les objectifs
Pour respecter les objectifs des accords de Paris (contenir le réchauffement climatique sous les 1,5° C à l’échelle mondiale d’ici 2050), la Mairie de Paris a défini cinq grands axes composés d’actions concrètes qui pourraient améliorer significativement la qualité de vie des parisiens.
Protéger la population face aux conséquences du changement climatique
Ce premier axe a pour but de d’adapter la vie des habitants et des visiteurs pour mieux vivre les effets du changement climatique. Les premières mesures consistent donc à végétaliser et à rafraichir la ville. Cela passe par l’ouverture de nombreux espaces verts pour atteindre 10m2 par habitant, installer des fontaines brumisantes, renforcer la végétalisation des quais pour amplifier l’effet rafraichissant de la Seine et des canaux et ouvrir des lieux de baignades sur la Seine suite aux JO de 2024.
La mairie souhaite aussi réduire les inégalités face aux dérèglements climatiques en recensant les lieux les plus frais pouvant servir de refuge en les transformant en lieux d’accueil, notamment la nuit. Un plan « Grand Chaud » sera aussi créé à l’instar du plan « Grand froid » pour protéger les personnes des températures extrêmes.
Réduire la pollution liée à la circulation automobile
C’est l’un des combats les plus emblématiques de la Maire de Paris depuis son élection. Cet objectif de baisse de l’utilisation de la voiture passera par la création de plus de zones piétonnes et réservées aux mobilités douces dans chaque arrondissement. À compter de 2024, les autocars de tourisme ne pourront plus circuler dans le centre de Paris et 60.000 places de stationnement seront transformées en espaces végétalisés.
Côté mobilité, la Mairie continuera à développer l’usage du vélo avec la création de 180 kilomètres de pistes supplémentaires et de 130.000 places de stationnement vélo d’ici 2026. Sur le périphérique, une voie sera réservée aux transports collectifs et au covoiturage. La vitesse y sera réduite à 50km/h.
Massifier la transformation environnementale du bâti
C’est l’un des sujets les plus impactant puisqu’il s’agit de rénovation énergétique et notamment d’isolation. Cette transformation concerne trois grands thèmes ; la rénovation des bâtiments publics et privés (programme d’isolation « 1000 toits anti-surchauffe » et création de toits peints en blanc sur les bâtiments de la ville de Paris), l’accélération de la transformation écologique des écoles et des crèches ou encore la protection des enfants de la chaleur.
Accélérer la sortie des énergies fossiles et viser 100% d’énergies renouvelables
La Mairie compte développer de nombreuses mesures pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments, de l’éclairage public et en finir avec l’utilisation du fioul pour le chauffage des bâtiments publics et privés d’ici 2030. Cela passera aussi par le développement de micro-installations de production d’énergies renouvelables sur les bâtiments publics et une augmentation massive de la production solaire sur les immeubles de logements sociaux en accompagnant les copropriétés et les grands propriétaires parisiens.
Cet objectif pourra aussi être réalisé grâce à la préservation des ressources en récupérant la chaleur perdue des métros, des égouts ou des datacenters pour alimenter le réseau de chaleur de Paris, en économisant l’eau ou en utilisant l’eau de pluie et les eaux usées pour les opérations d’arrosage des jardins et des parcs.
Promouvoir et accompagner une économie locale et vertueuse
La ville de Paris va développer un certain nombre de mesures qui auront pour objectif d’accompagner le développement du commerce et de l’artisanat local et durable, de produire une alimentation plus végétale et locale (création de terres cultivées en agriculture urbaine et mise à disposition de repas végétariens dans les cantines scolaires) et de financer la transition écologique par l’introduction de taxe sur des plateformes d’e-commerce ou d’une taxe de séjour dans les palaces.
Ce plan climat ambitieux et toutes les mesures ayant pour objectif d’accélérer fortement dans le domaine de la rénovation énergétique sera présenté en décembre prochain au Conseil de Paris et soumis au vote des élus au cours de l’année 2024.
