Monogeste vs rénovation globale, où est le Graal ?
Depuis sa modification en faveur des rénovations « d’ampleur » le 1ᵉʳ janvier 2024, MaPrimeRénov’ n’a pas eu le succès escompté… au contraire. Le nombre de chantiers a nettement baissé. C’est pourquoi le gouvernement a annoncé une suite de mesures correctives du dispositif, dont le recentrage sur les travaux monogestes. Devant ce revirement et dans l’attente des décrets concrétisant cette annonce, les ménages sont en droit de s’interroger. Faut-il miser sur des travaux ambitieux ou peut-on agir utilement étape par étape ? Comment choisir la meilleure méthode ? Autrement dit, travaux monogestes vs rénovation globale, où est le Graal de l’efficacité énergétique ?
Que recouvre une rénovation globale ?
Par définition, la rénovation globale s’entend comme un bouquet de travaux visant à réduire drastiquement la consommation énergétique d’un logement, entre 35 et 55%. Elle doit par conséquent permettre d’améliorer le classement du bien au diagnostic de performance énergétique.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, la rénovation globale comprend généralement l’isolation des combles couplée à celle des planchers bas ou des murs. En outre, elle prévoit souvent le remplacement du système de chauffage et des fenêtres anciennes par du double vitrage.
C’est pourquoi, ce type de chantier s’étend sur plusieurs mois et représente un coût important, pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, selon la taille et l’état du bâtiment. Pour les faire financer grâce à une aide publique, la rénovation globale doit être précédée d’un audit énergétique. L’intervention d’un thermicien expert garantit ainsi le repérage précis des failles du logement et l'établissement de scénarios de travaux adaptés. Lesdits travaux sont ensuite effectués par un artisan labellisé RGE.
Quid de la rénovation monogeste ?
On l’appelle aussi rénovation “par étape”, ou rénovation “partielle”. Concrètement, on réalise une opération à la fois. C’est le principe du “petit à petit, l’oiseau fait son nid…” On commence par exemple par l’isolation des murs, avant d’installer une pompe à chaleur ou un poêle à granulés l’année d’après. Puis on attend l’année suivante pour poser des fenêtres à double vitrage. C’est la solution la plus prisée par les ménages français, car elle permet de dépenser au fil de l’eau.
Pourtant, si les objectifs d’un plus grand confort thermique et d’économies d'énergie sont les mêmes à terme, la rénovation totale d’un bien est plus longue quand on avance pas à pas. Les travaux étant échelonnés dans le temps, ils peuvent prendre plusieurs années. En attendant, les déperditions d’énergie continuent de faire des dégâts, puisqu’on ne traite pas tout à la fois !
Le budget, facteur essentiel en faveur du monogeste
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a affirmé “Mieux vaut une rénovation globale à un monogeste mais mieux vaut un monogeste plutôt que pas de rénovation du tout” , pour appuyer le retour de l’aide MaPrimeRénov’ pour les travaux uniques à compter du 15 mai. Il a donc tranché en faveur des travaux d’ampleur, quand ils sont possibles…
Car dans ce match, il n’y a qu’un véritable arbitre : le budget. Parmi les 4,8 millions de passoires thermiques que compte le parc résidentiel en France, 2 millions abritent des ménages modestes ou très modestes, dont certains sont propriétaires. Le budget que ceux-ci peuvent allouer à la rénovation énergétique est donc faible, voire inexistant. Et pour transformer une passoire thermique en logement peu énergivore, ça coûte entre 15 000 € et 60 000 €. Avec un reste à charge estimé à 40 %. Ce type de dépense n’est pas anodin. La situation financière du ménage concerné est donc un facteur essentiel dans la prise de décision.
Et c’est dommage, car si les monogestes ne mobilisent pas un budget important, ils peuvent être stériles, là où les travaux de rénovation globale sont féconds. Selon un rapport de l’ADEME de 2021, “les rénovations partielles ne traitent pas simultanément les différents éléments de l’enveloppe, et par conséquent ne peuvent traiter ni la continuité de la migration de vapeur, ni celle de l’étanchéité à l’air, ni les ponts thermiques, au niveau des interfaces”.
La rénovation globale pour un vrai gain énergétique
Si vous pouvez vous le permettre, il n’y a pas photo, a fortiori si vous êtes propriétaire d’une passoire thermique ! Le principal avantage de la rénovation globale est son niveau de fiabilité quant au gain énergétique obtenu. Elle permet en effet de gagner plusieurs classes au DPE ; idéalement, elle transforme une passoire thermique, notée F ou G en D ou E. Par ricochet, elle est la promesse de véritables économies d’énergie et de factures allégées !
Il faut également souligner qu’en se lançant dans une rénovation d’ampleur, on peut prétendre à une diversité d’aides accessibles et donc, à des montants de subventions élevés. MaPrimeRénov’, MaPrimeRénov’ Sérénité, Primes Énergie Coup de Pouce Rénovation performante, Éco-PTZ (éco-prêt à taux zéro), Prêt Avance Rénovation, TVA à taux réduit 5,5 %, aides locales. Là n’est pas le sujet, mais il y a de quoi faire financer !
Et le reste à charge est ensuite absorbé par les moindres dépenses de gaz et d’électricité sur les années suivant les travaux. Si vous hésitez entre les deux, retenez que les aides à la rénovation globale sont plus avantageuses que la somme des aides par monogeste.