Pourquoi Emmanuel Macron renonce au projet d’interdiction des chaudières à gaz ?
Pour répondre aux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique, réduire les factures d’énergies des ménages et accroître l’indépendance énergétique de la France, le gouvernement envisage des mesures parfois radicales ! Parmi les plus marquantes, la fin des chaudières fonctionnant grâce à des sources d’énergies fossiles ! Après s’être attaqués au fioul, les pouvoirs publics se tournent vers l’interdiction des chaudières à gaz. Une décision accélérée par les conséquences de la guerre en Ukraine, à savoir la réduction de l’importation du gaz russe et de la forte inflation des prix sur le marché… Après avoir envisagé l’interdiction pure et simple des chaudières à gaz, Emmanuel Macron, par la voix des membres de son gouvernement et très récemment par la sienne, semble finalement vouloir faire marche arrière. Explications…
Pourquoi envisager la fin des chaudières à gaz ?
Le principal objectif de l’interdiction des chaudières à gaz serait de parvenir à la neutralité carbone et de répondre aux objectifs de la Loi Climat et Résilience de 2021. Cette mesure permettrait aussi à la France de réduire sa dépendance vis-à-vis des pays producteurs. La très forte réduction des importations de gaz russe a montré à quel point il était critique, pour certains pays (comme l’Allemagne ou la France), de se couper de certaines sources d’approvisionnement majeures. L’impact sur les prix du gaz et les risques de pénurie ont été énormes au cours de l’hiver dernier et risquent, malgré des stocks importants, de se reproduire en cas d’hiver très rude.
Depuis 2022, il est désormais interdit d’installer des chaudières à gaz dans des logements neufs. Au début de l’année, le gouvernement a envisagé d’étendre cette interdiction à l’ensemble du parc. Il ne serait plus possible, à compter de 2026, de remplacer sa chaudière à gaz par une autre. Des systèmes plus respectueux de l’environnement comme une pompe à chaleur deviendraient alors les principales alternatives... Mais au cours de l’été, la volonté du gouvernement semble avoir changé... D’abord Bruno Lemaire, puis directement Emmanuel Macron l’ont récemment annoncé : ils se montrent désormais ouvertement opposés à une interdiction généralisée des chaudières à gaz.
Un sursis pour les chaudières à gaz !
La proposition d’interdire définitivement l’installation des chaudières à gaz a suscité de vives réactions et oppositions parmi les professionnels du secteur, comme dans l’opinion publique. Lors d’une récente interview télévisée, le Président de la République a confirmé, comme l’avait laissé entendre Bruno Lemaire, que cette interdiction n’était plus d’actualité ! Le fait que la Présidence de la République ait récemment fait remplacer une chaudière à gaz à l’Élysée n’a pas plaidé en faveur de l’interdiction.
Pour Emmanuel Macron, il n’est pas question de laisser certaines zones, notamment rurales, sans solutions. On estime actuellement que 40% des foyers français, soit 11 millions de foyers utilisent ce type de système de chauffage. La fin de l’utilisation du gaz pour le chauffage supposerait aussi de compenser la consommation grâce à l’électricité. Selon la Commission de régulation de l’Energie, le remplacement de l’intégralité des chaudières à gaz par des pompes à chaleur fonctionnant à l’électricité nécessiterait de disposer d’une capacité de production d’électricité de 35 Gigawatts supplémentaires en période de pointe, soit l’équivalent de la production de trente réacteurs nucléaires ! Pour RTE, c’est en revanche tout à fait faisable, il faut juste laisser le temps à tous les foyers actuellement équipés de changer vers une PAC, ce prendra une douzaine d’années.
Promouvoir les PAC
Le report (ou l’annulation) de la mesure visant à interdire les chaudières à gaz ne signifie pas pour autant la fin des efforts pour le développement des installations des pompes à chaleur... Lors de son interview télévisée, le Président de la République a confirmé son souhait de développer ce type de chauffage propre et surtout de construire une filière de production française de PAC. Il avance d’ores et déjà sa volonté de faire produire en France un million de PAC d’ici la fin du quinquennat. Pour l’instant, l’essentiel de ces appareils est importé s’Asie. Ce qui reste relativement contradictoire avec les objectifs de réduction d’émissions de CO2.