Canicules à répétition : La climatisation, un poids lourd sur le réseau électrique

Les épisodes caniculaires se multiplient en France et en Europe ces dernières années, poussant de plus en plus de ménages à s'équiper en climatiseurs pour se protéger des fortes chaleurs. Cependant, cette solution de rafraîchissement n'est pas sans conséquence sur le réseau électrique national. Découvrons comment l'utilisation massive de la climatisation pendant les canicules impacte la gestion de l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité.

La climatisation, une nécessité face aux canicules récurrentes

Le réchauffement climatique entraîne une augmentation des températures et une multiplication des vagues de chaleur intenses. Selon les données de Météo France, l'année 2018 a été la plus chaude depuis le début du XXe siècle, avec une canicule notable du 24 juillet au 8 août. L'année 2019 est également citée comme la troisième année la plus chaude, avec deux vagues de chaleur exceptionnelles durant l'été.

Ces épisodes caniculaires représentent un risque sanitaire non négligeable, notamment pour les personnes âgées, les enfants et les personnes souffrant de pathologies chroniques. Face à ces dangers, le recours à la climatisation devient une nécessité pour se protéger des fortes chaleurs.

En effet, selon les chiffres de l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur, le taux d'équipement en climatiseurs individuels a augmenté de 30% en France entre 2015 et 2020, passant de 15% à 19,5% des ménages. Cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir, avec une hausse estimée à 25% d'ici 2030.

L'effet "boule de neige" de la climatisation sur le réseau

Si la climatisation apporte un confort indéniable pendant les canicules, son utilisation massive n'est pas sans conséquence sur le réseau électrique national. En effet, les climatiseurs consomment de l'électricité pour fonctionner, entraînant des pics de consommation en été qui peuvent être difficiles à gérer pour le gestionnaire du réseau, RTE (Réseau de Transport d'Électricité).

Selon les analyses climatiques de RTE, la climatisation et la ventilation ont un impact variable sur la consommation d'électricité. Les pics de consommation estivaux augmentent en raison de l'utilisation accrue de la climatisation, comme ce fut le cas lors de la canicule de juin 2022 où la consommation a atteint des niveaux record.

De plus, les climatiseurs rejettent de la chaleur à l'extérieur, ce qui accentue l'effet d'îlot de chaleur urbain et pousse à une utilisation encore plus importante de la climatisation, créant ainsi un effet "boule de neige". Cette situation paradoxale rend de plus en plus difficile pour RTE d'équilibrer la production et la consommation d'électricité pendant les périodes de forte chaleur.

Vers une gestion intelligente de la demande en climatisation

Face à cette situation, une gestion intelligente de la demande en climatisation s'impose. Plusieurs pistes sont envisagées pour limiter l'impact de la climatisation sur le réseau électrique :

Encourager l'efficacité énergétique :

• promouvoir l'achat de climatiseurs plus performants et moins énergivores, grâce à des réglementations et des incitations financières ;
• sensibiliser les usagers aux bonnes pratiques d'utilisation de la climatisation (réglage de la température, entretien régulier, etc.)

Développer des solutions alternatives :

• déployer des réseaux urbains de froid, qui permettent de rafraîchir les bâtiments de manière centralisée et plus efficace que les climatiseurs individuels ;
• encourager des solutions passives comme l'isolation thermique des bâtiments, les protections solaires et la ventilation naturelle.

Mettre en place des outils de pilotage de la demande :

• développer des systèmes d'effacement de consommation, où les usagers sont rémunérés pour réduire leur consommation lors des pics de demande ;
• favoriser la flexibilité de la demande, en incitant les usagers à décaler leur consommation en dehors des périodes de pointe.

Ces différentes mesures, combinées à une sensibilisation accrue des usagers, permettront de mieux gérer la demande en climatisation et d'éviter les risques de pénurie ou de blackout pendant les canicules.

Alors que les canicules deviennent la norme estivale, la climatisation représente un poids de plus en plus lourd pour le réseau électrique français. Face à cette situation paradoxale où la solution de rafraîchissement contribue à aggraver le problème, une gestion intelligente de la demande en climatisation s'impose. Cela passe par des efforts concertés de tous les acteurs, des fabricants aux utilisateurs, afin de limiter l'impact énergétique et environnemental de cette solution devenue indispensable pour se protéger des fortes chaleurs.