Effondrement du nombre de chantiers de rénovation énergétique
Les raisons derrière cette tendance inquiétante
Le volume des chantiers de rénovation énergétique a fortement chuté sur les six premiers mois de l’année par rapport à 2022. Une chute des travaux qui n’est pas seulement imputable à l’inflation et à la baisse du pouvoir d’achat des Français depuis le début de la crise. Pourtant, ce type de travaux continue à être fortement incité par l’État, à coup d’aides et de primes toujours plus intéressantes, surtout pour les ménages les plus modestes.
Alors qu’est-ce qui explique vraiment cette tendance de forte baisse des travaux de rénovation énergétique ?
Une forte chute des travaux de rénovation énergétique
Au cours d’une récente intervention, la Première Ministre Elisabeth Borne a fixé l’ambitieux objectif de réaliser 200.000 rénovations d’ampleur en 2024, soit plus du double réalisées actuellement.
Une enveloppe supplémentaire dédiée à MaPrimeRenov’ sera d’ailleurs débloquée pour atteindre cet objectif. Or selon une récente étude effectuée par l’un des principaux financeurs du secteur, la baisse du nombre de travaux est spectaculaire au 1er trimestre 2023, en comparaison avec ceux réalisés au cours des années précédentes.
Alors que 80.057 ont été réalisés et financés en 2021 via cette plateforme, seulement 27.200 l’ont été au premier trimestre de cette année...
Les ménages les plus modestes renoncent aux travaux de rénovation
La baisse du pouvoir d’achat des Français les plus modestes ne touche pas que les habitudes alimentaires ou la pratique des loisirs. Le gouvernement l’a confirmé. Il souhaite favoriser les chantiers de rénovation globale. Or, malgré la hausse des aides attribuées pour ce type de travaux, le reste à charge demeure quand même significatif pour de nombreux foyers aux revenus modestes. Dans un contexte de crise, ceux qui éprouvent des difficultés en fin de mois ne priorisent pas la réalisation de travaux d’ampleur, et ce malgré les primes importantes qui pourraient leur être attribuées. Ainsi, toujours selon l’étude de PrimesEnergie.fr, la part des foyers modestes dans l’attribution des primes est en forte baisse entre 2021 et 2023. Les aides bénéficient donc aujourd’hui de manière mécanique aux ménages les plus aisés.
Une volonté du gouvernement de favoriser les travaux de rénovation globale
Ces dernières années, les Français ont effectué de nombreux travaux de rénovation encouragés par les directives gouvernementales. Mais ceux-ci ont englobé essentiellement des travaux ponctuels, des mono-gestes plutôt que des travaux de rénovation globale. Ces chantiers, de faible ampleur, concernaient le remplacement d’un système de chauffage, certains travaux d’isolation, de toiture ou encore de menuiserie extérieure. Pour inciter les Français à réaliser des travaux de rénovation globale, plus efficaces pour atteindre les objectifs de décarbonation, mais aussi d’économie d’énergie, l’État a donc supprimé ou réduit significativement un certain nombre d’aides et exclue de MaPrimeRénov’ tel ou tel type de travaux mono-gestes (isolation, toiture, VMC) considérés comme insuffisants.
Un nouveau montant pour MaPrimeRénov’
En 2022, 670.000 rénovations énergétiques ont été recensées. Seulement 10% d’entre-elles concernaient des travaux de rénovation globale, pourtant plus efficaces en termes d’amélioration des performances énergétiques. Pour amplifier ce volume, les plafonds de travaux subventionnables par la mesure « MaPrimeRénov’ Sérénité » accordée par l’Anah, correspondant aux rénovations d’ampleur, ont été réhaussés de 30.000 à 35.000 euros. Aujourd’hui, plus de 5,5 millions de propriétaires peuvent prétendre à cette aide. Les transformations réalisées doivent permettre d’obtenir 35% de gain énergétique minimum et atteindre au moins la classe E sur l’étiquette DPE. Dans ce contexte, l’intervention d’un spécialiste « Mon Accompagnateur Rénov’ » est désormais obligatoire pour informer et accompagner les propriétaires sur les sujets techniques, sociales, administratives et financières.